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Pourquoi les Sixers vont vous surprendre cette saison ?

Ben Simmons va rapidement devenir une star de la NBA avec les Sixers

Si vous suivez l'actualité du site, vous savez que j'ai un peu disparu ces derniers temps, et que l'avocat/GM que je suis volait pas mal en-dessous du radar. Mais je vais profiter de ces vacances pour endosser une double casquette pour un retour plein de panache : je vais vous parler des Sixers de Philadelphie. Double casquette, parce que je vais non seulement défendre cette équipe et ce projet pour lequel j'ai toujours eu une affection particulière (Hinkie RIP), mais aussi vous exposer les points techniques qui appuient mon opinion. Avocat du diable pennsylvanien et GM à la place du GM, un rôle sur mesure. C'est parti.


"Trust the process"

Si vous avez découvert la NBA il y a 3 ans, oubliez tout ce que vous savez sur les Sixers. Car cette saison va être celle du changement. Les Sixers joueront-ils les playoffs? Gagneront-ils le titre? Peu probable, voire même impossible. Mais là n'est pas la question. La question, c'est que le projet construit par Sam Hinkie depuis plusieurs années arrive à maturation, et que l'équipe ressemble à… une équipe, pour la première fois depuis bien longtemps à Philly.

Le projet de Hinkie, c'est ce fameux "process" dont on a souvent parlé (bon, évidemment, si vous ne suiviez pas les Sixers, vous n'entendiez parler de rien, à part des défaites…). Le process, c'est l'idée relativement simple qu'il vaut mieux avoir une équipe compétitive pour dominer la conférence plutôt qu'une équipe qui ne peut que viser les playoffs et une sortie au premier tour sans pouvoir lutter. Hinkie, comme Riley, est all-in. La différence avec le gominé floridien, c'est que Hinkie est (très, très, très, très et très) patient. Pour faire simple, il a accepté de sacrifier plusieurs saisons pour avoir la certitude que son équipe aurait des lendemains chantants.

Alors ça prend du temps. D'abord, on bazarde tout dans une équipe qui avait réussi à accrocher les playoffs (sortie au premier tour face au Heat de LeBron). Alors certes, Philly a été bien "aidée" par le fiasco Bynum, véritable point de départ du process. On empile donc les assets, comprenez les choix de draft, qui peuvent être utilisés, ou transférés. Enfin, on limite toujours au minimum la masse salariale. Et on essaye tant bien que mal de faire avaler la pilule au fan de base. Cela nécessite plusieurs choses : d'abord une vision, parce qu'on ne se jette pas dans ce brouillard sans GPS. Ensuite une fine connaissance des aspects financiers et contractuels de la NBA, pour jongler avec les assets dans le respect des lois du CBA (le cadre salarial de la NBA, si vous voulez). Ce que ça sous-entend aussi, c'est de ne pas donner de date de fin au process. Ce sera fini quand ce sera fini. Ce n'est qu'à ce prix qu'on peut accepter de corriger des erreurs en cours de projet, plutôt que de tenter de faire passer en force pour gagner du temps. Hello Michael Carter-Williams. Ce n'est qu'à ce prix qu'on peut se permettre d'attendre qu'une pièce déterminante du projet soit prête. Hello Joel Embiid.

Aujourd'hui, le fruit est vert, mais c'est un vrai fruit. Pas une graine, pas un bourgeon. On voit les contours du projet nettement dessinés. Et il va falloir vous préparer à vous lever de votre canapé en regardant jouer les Sixers dès l'an prochain.

En mémoire d'Hinkie

Ce qui est vache, c'est que les Sixers ont coupé la tête de leur visionnaire avant son accouchement. La pression du board devenait trop forte. Dommage. Personnellement, j'aurais attendu la fin de l'été, parce qu'il était évident que tout allait se jouer cette année. Soit les Sixers refaisaient plusieurs pas en arrière (trade d'un intérieur pour d'autres assets), soit ils capitalisaient et lâchaient les fauves. Pour ne pas prendre de risque, Hinkie a été évincé au profit de Colangelo, bien moins affûté que son prédécesseur sur les questions de CBA, mais plutôt réputé pour accélérer les choses et transformer des équipes (Executive of the Year en 2005 et 2007).

Colangelo n'a pas complètement piétiné les cendres d'Hinkie. Le projet du génie fou était de monter une équipe jeune (nécessaire pour être une place forte sur plusieurs années), qui va dans le sens du jeu d'aujourd'hui : un jeu rapide, athlétique, avec une capacité de création importante, et un jeu sublimé par un morphing total en terme de rotation (comprenez une capacité à jouer small ball ou plus traditionnel).

Les Sixers décrochent une fois de plus la timbale et sélectionnent Simmons en 1er choix de draft, ce qui est le choix le plus logique. Saric, drafté en 2014, débarque enfin en Pennsylvanie. Embiid, après deux années blanches, est prêt à commencer sa carrière. Noel et Okafor ont emmagasiné de l'expérience. L'épine dorsale est en place, elle est jeune, et elle est sacrément funky. Rescapés de la période trouble qui aura au moins servi à ça, Covington et Grant sont toujours là, avec le jeune Holmes, le surprenant Stauskas, le créatif McConnell et le rugueux Landry. Pour compléter tout ça, on signe le bondissant Henderson, le dynamique Bayless, et surtout, surtout, le génial Sergio.

On passe à l'action

A quoi va ressembler le 5 majeur des Sixers? Difficile de le savoir aujourd'hui. Bayless pourrait être préféré à Sergio pour laisser les clés du jeu à Simmons en point forward. Henderson devrait passer devant Stauskas à l'arrière, et en attendant qu'Embiid soit opérationnel pour de bon, la raquette Noel-Okafor restera en place. A moins qu'on ne choisisse de mettre Saric dans le 5, sur un poste 4 permettant le jeu small ball. Ce qui décalerait Noel sur le banc. On peut aussi jouer la création à outrance avec Sergio-Simmons-Saric en même temps. Ou garder des bases du collectif passé en privilégiant Stauskas et Covington aux côtés d'un meneur et de Simmons en 4. Les possibilités sont infinies, et elles sont toutes bonnes. C'est à ça qu'on reconnaît un roster compétitif (même s'il est encore jeune).

Comment vont jouer les Sixers? Avec un tel roster, deux aspects se dégagent nettement : la vitesse et la créativité. Sergio, Simmons et Saric sont des artistes balle en main, capable de créer sur jeu rapide ou jeu placé, de la tête de raquette au poste bas. Noel, Grant, Embiid, Henderson, Covington, Stauskas, Bayless sont des phénomènes physiques, rapides et puissants. Okafor apparaît paradoxalement comme une erreur de casting, son jeu lent et sa défense juste correcte ne rentrant pas totalement dans la philosophie Sixers, et je serais plutôt favorable à un transfert afin d'apporter les dernières retouches à un roster qui aurait peut-être besoin d'un poste 2 plus fort, ou bien de rotation sur le banc à l'intérieur. Ce qu'on verra de toute manière, c'est une capacité à courir en transition comme peu d'équipes pourront le faire, et sur demi-terrain, un jeu basé sur des écrans hauts des intérieurs, pour du pick et du main-à-main quasi systématiques, dans le but de trouver une solution à l'opposé et libérer de l'espace pour les slashers et les cuts. Une des faiblesses, en dehors le manque d'expérience, pourrait être le tir extérieur, et il faudra compter sur Bayless, Rodriguez, Stauskas, Henderson et Covington pour régler vite la mire et convertir les caviars des créateurs.

Au niveau de la depth chart (hiérarchie), on aurait quelque chose comme le schéma ci-dessous, même si avec la polyvalence de certains joueurs, cela pourrait être rapidement bousculé :

  • Meneur : Sergio Rodriguez – Jerryd Bayless – TJ McConnell – Kendall Marshall
  • Arrière : Gerald Henderson – Nik Stauskas - Hollis Thompson – Timothé Luwawu
  • Ailier : Ben Simmons – Robert Covington - Jerami Grant
  • Ailier fort : Nerlens Noel – Dario Saric – Carl Landry – Richaun Holmes
  • Pivot : Jahlil Okafor – Joel Embiid


Fun City

Alors entendons-nous bien : prédire le classement de Philly serait beaucoup trop compliqué, dans une conférence Est largement remaniée et en progression quasi générale. Des équipes comme Indiana, New York, Boston et Atlanta sont devenues meilleures en haut du tableau. En milieu-bas de tableau, Milwaukee a quelques années d'avance sur le projet jeune-athlétique des Sixers. Orlando peut passer un vrai cap. Charlotte, Miami, Detroit, Toronto, Washington, Chicago, seront à la lutte pour une place entre 3 et 9. Sans parler de l'intouchable Cleveland. Mais Philly n'en est pas là. L'année 0 a duré quasiment plus de 4 ans. Il est temps de passer à l'année 1, en remettant avant tout le fun au goût du jour. Les fans en auront pour leur argent, c'est une certitude.

Le coach, dont je n'ai que peu parlé au final, va enfin pouvoir s'éclater et avoir un roster qui correspond à son projet de jeu. Brett Brown est un bon gars, et un fin technicien, école australienne et Spurs. Il mérite de pouvoir enfin s'exprimer. Ses joueurs vont l'adorer. Simmons va être une star très rapidement. Embiid est plein de promesses. Saric et ses superbes JO vont débarquer dans la ligue en trombe. Sergio a refusé les Nets pour choisir les Sixers, preuve que son retour dans la ligue ne se faisait pas à n'importe quel prix. Il sait que ce groupe peut aller loin. Noel et Okafor se sont établis comme des intérieurs solides en NBA. Covington est un two-way player en pleine progression. Grant est spectaculaire au possible. Et on connaît déjà Henderson et Bayless, deux vétérans qui ont envie de se poser pour faire grandir le groupe. Et puis pour les plus chauvins d'entre vous, le Français Luwawu sera à suivre, même s'il risque de passer par la case D-League.

Si avec tout ça vous ne croyez pas encore aux Sixers, je ne peux plus rien faire pour vous. Donnez leur une chance, regardez un match, puis deux, trois… et tombez amoureux.

Mike

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